dimanche 23 juillet 2017

La terre tremble à Kos

Mouillés devant Kos et solidement endormis malgré une houle digne d’une grande valse de Strauss, un vrombissement sourd, VrrrVrrrVrrrVrr! fait frémir la coque. Instinct de marin et hop nous sommes déjà dans le cockpit.  1:30 du matin - aucun doute - un tremblement de terre.  Les lumières de la ville clignotent ici et là, des cris se font entendre et c’est le début du concert des sirènes pendant que de nombreuses autres secousses nous tiendront sur le qui-vive une partie de la nuit.  On sait que ça brasse à terre, on est là à regarder sans rien voir, bien évidement.  Des bateaux sortent à la file indienne du petit port et s’ancrent tout autour.  On craint un raz de marée, qui heureusement ne viendra pas. 

Pas question de quitter Kos sans constater l’ampleur des empreintes laissées par dame nature. 

Quelques touristes tentent de récupérer leur nuit endormis sur le gazon autour des petits hôtels, certains errent bagages à la main, d’autres semblent pris en charge et nombreux sont ceux qui attendent les traversiers à venir.  On est loin de l'ambiance joviale qui règne habituellement dans ce coin-çi de la ville. Les vacanciers ont vécus chacun à leur façon cette nuit d'épouvante.  On a tous la mine triste et désolée devant cet accident de la nature.

Des murs effondrés ici et là, l’intérieur des commerces à la renverse, le minaret qui faisait le charme de la place Elephanterias, est effondré sur la terrasse d’un café, la place Platanos (où trône le fameux platane d’Hyppocrate) n’en mène pas large elle non plus. De bonnes vagues ont ravagées l’enceinte du petit port dont la promenade est lourdement endommagée et les commerçants de première ligne ont durement été touché.  Le quartier des bars, d’où les deux décès, est barricadé.

Les Grecs sont déjà à la tâche, les travaux publics ramassent les débris et les commerçants sont déjà à nettoyer.  Aujourd'hui ne sera pas une journée comme les autres à Kos. 

On revient sur Méridien en se disant chanceux et qu’on l’a échappée belle.

Voici quelques photos du centre ville de Kos le matin du séisme. 


Gauche: avant
Droite : après








lundi 10 juillet 2017

Turquie, on se revoit en septembre

De retour du Cappadoce, nous reprenons notre vie de marin.  Nous trouvons enfin le produit (que nous cherchions depuis 2-3 ans) afin de remplacer les plafonds dans les cabines arrière et le capitaine se met à la tâche.  La chaleur a fait en sorte qu’avec les années le produit s’est déshydraté et s’effritait au simple touché.  Il a fallut choisir une période de canicule pour ce farcir ce travail de cinq jours.  La canicule s’étirant, on s'accroche les pieds une autre semaine.  La vie est tellement facile dans une marina, on s’attache à ces petits quais là.

Toujours est-il que la semaine dernière nous avons largué les amarres et mis le cap sur le grand golfe de Korfezi entre Marmaris et Datça.  Ce grand golfe sépare les péninsules de Bozburun et de Datça.  De grandes échancrures tout le long du littoral de ce golfe offrent d’innombrables baies aux navigateurs que nous sommes.  Il y en a pour tout les goûts, des baies désertes, d’autres un peu plus urbanisées mais elles ont toutes une chose en commun, la profondeur.  Il faut donc jeter l’ancre et s’attacher à la terre, d’où l’achat d’une Ultraline qui nous facilite la tâche.  Pas toujours facile avec notre mastodonte surtout lorsqu’une bourrasque si petite soit-elle s’élève pendant la manoeuvre. 

Ici aussi les touristes étrangers sont plutôt absents.  De nombreuses gulets restent à quai faute de client, les restos ne débordent pas, les magasins et les bazars sont déserts.  Les plaisanciers qu’on voit nous semblent en grande partie des Turcs.  En dépit des problèmes politiques, la Turquie reste pour nous une très belle découverte.  Les Turcs sont d’une très grande gentillesse, on en prendrait encore un peu plus de ce pays.    

C’est la raison pour laquelle nous avons modifié nos plans, Méridien passera l’hiver à Marmaris.   Nous retournons en Grèce d’ici une journée ou deux et serons de retour en Turquie à la mi-septembre.  Il nous reste encore trop d’endroits que nous voulons visiter.   Alors encore quelques petites expéditions à l’automne et la côte Turquoise le printemps prochain.  La Turquie sera alors enfin cochée. 

Vue sur Marmaris Yacht Marina
Rénovation des plafonds dans les cabines arrière
Acquisition d'une Ultraline

Vue sur le château de Marmaris et de la ville qui contourne l'immense baie en arrière plan

Les gulets sont la marque de commerce de la côte turque.  Elles sont belles, gracieuses, elles sont partout.  Comme on dit ici vous ne pouvez quitter la Turquie sans avoir fait un "Blue Voyage"   - à conseiller au touriste terrien pour un séjour le long des côtes.
Les paysages de la péninsule de Bozburun...

...ici on se pensait au lac Champlain où dans les Milles-Iles.  D'ailleurs, plusieurs baies où nous avons mouillés nous rappelaient un décor canadien.

Datça, beau petit port, beau mouillage et une belle promenade en front de mer, bordée de restos.

dimanche 2 juillet 2017

Le Cappadoce

En route vers le Cappadoce c’est la découverte d’immenses plaines.  Dans un paysage nous rappelant l’ouest canadien, nous faisons un arrêt à Konya.  Cette ville n’a rien à voir avec les villes touristiques de la côte Égéenne.  Une ville de plus d’un million d’habitants - l'ancien et le moderne se côtoient, des kilomètres de rosiers en fleur, des universités, des mosquées, de nombreuses industries toutes catégories confondues, un train de surface etc.…   Une ville moderne, bien que traditionnelle, religieuse et conservatrice qui nous semble fort invitante, en dépit de ses beaux cafés déserts - ramadan oblige.  

Une visite au principal site touristique de Konya s’impose - le mausolée et le musée de Djalâl ad-Din Rûmi, surnommé Mevlâna, père de la pensée soufisme, l’école spirituelle de l’Islam, et fondateur de l'ordre des derviches tourneurs, enfin c’est ce que j’en comprends. Durant la période médiévale, cette école de l’Islam a existé un peu plus de 200 ans, et fut finalement anéantie et interdite.  Toutefois, la philosophie y a survécut et les derviches tourneurs (pour ceux qui ont vu ma vidéo sur FBK) demeurent un attrait touristique à Istanbul, Konya et au Cappadoce. 


À gauche le Mausolée de Mevlâna et à droite la grande Mosquée de Konya
Contrairement au Maroc, en Turquie le touriste étranger est bienvenue lorsqu'il n'y a pas la prière. Vraiment très beau et d'une grande sobriété. 
Tourne, tourne le derviche tourneur, il s'agit pour eux d'une méditation profonde.  Mais y'a de quoi donner la nausée.  Désolée de la piètre qualité de la photo.

Sultanhani, notre premier caravansérail turc.  Suffisamment rénové pour nous permettre de fabuler sur la période de la route de la soie.  Et oui elle passait ici.  Celui-çi date de 1229.



Au centre de la cours intérieure, une mosquée.  De chaque côté de cette partie à ciel ouvert, les quartiers utilisés durant l'été.  Tout à l'arrière une section identique mais couverte utilisée durant la saison froide.
Enfin le Cappadoce! Une région volcanique datant de dix millions d’années.  L’érosion, du vent et de l’eau en ont fait ce qu’il est aujourd’hui.  Des vallées lunaires, entourées de verdure, où des parois rocheuses, des collines, des rochers, dissimulent des habitations et églises troglodytes, des villes souterraines etc.  Depuis des millénaires, les royaumes s'y sont succédés.  Selon l'époque, les habitations bien dissimulées et les villes souteraines permirent aux diverses populations pourchassées d’y trouver refuge.  Entre autres, du IV au XI siècles, les chrétiens s’y réfugièrent et c’est ici semble-t-il que le christianisme prit racine. 

Durant une certaine période, cette région fut oubliée et en 1907 un prêtre redécouvrit les églises troglodytiques.  C’est seulement depuis les années 1980 que l’essor touristique du Cappadoce a pris son envol.  Un site magnifique pour les randonneurs, les rêveurs et malheureusement les VTT qui y brisent la quiétude.

Le phénomène naturel est vraiment à couper le souffle. 

Göreme, un des nombreux villages où séjourner.  Tant bien que mal on tente d'intégrer les nouvelles constructions au paysage naturel. 

Le Cappadoce est aussi une région agricole.  On y retrouve de nombreux villages.  Ici à Ürgüp, les habitations troglodytes sont en grande partie abandonnées.  Voyez les grottes sur le haut de la paroi rocheuses.  

Pour le plaisir des yeux, durant nos nombreuses randonnées pédestres.













Un bureau de la gendarmerie.



Les fameuses cheminées de fées
Je vous disais qu'il y avait des églises.  En voici un exemple, cette entrée nous conduit....

...à l'intérieur d'une immense cathédrale.  Très impressionnant.

Quelques peintures, principalement sur l'histoire que nous connaissons du Christ ont résisté aux intempéries.


Le Cappadoce regorge d'un réseau de villes souterraines, où les populations se réfugiaient durant des mois afin d'éviter les persécutions.  Nous avons visité Derinkuyu qui a abrité 10 000 personnes, sans compter les animaux.  Elle compte l'équivalent de huit étages en profondeur.   Pourvue de tuyaux d'aération, chambres, cuisines, étables, églises, entrepôts, on y faisait même du vin.  Imaginez ce qu'à dû être le quotidien dans ces refuges.  Trente-sept cités souterraines ont été mises à jour et on ignore combien d'autres restent à découvrir.


Les portes rondes se fermaient de l'intérieur et bloquaient l'accès à l'ennemis.
Par une matinée idéale, nous ne pouvons résister à un tour de montgolfière.  Vraiment un matin idéal pour s'envoler.  Un matin magique!





Vallée d'Ihlara



Située au sud du Cappadoce, cette vallée vaut le détour pour le randonneur du sentier aménagé.   Un mini-canyon où la rivière coule tout au fond et où on ne peut résister aux délicieuses crêpes aux épinards/fromage et thé fait sur place.